Le bénéfice psychologique de la reconstruction immédiate est très important pour la patiente opérée qui pourra rapidement s’habiller et mettre un maillot de bain, sans utiliser de prothèse mammaire externe, et sans que l’on s’aperçoive qu’elle a subi une mastectomie totale. Il n’y a pas si longtemps, certains disaient qu’il était nécessaire de passer par la douleur psychologique de la mastectomie et de faire « le deuil de son sein » pour mieux apprécier la reconstruction, dans un deuxième temps. Au vu de ma pratique, je ne pense pas que cela soit nécessaire, même s’il est plus facile de satisfaire avec un résultat moyen une patiente ayant une reconstruction secondaire plutôt qu’immédiate. Certaines patientes ayant une reconstruction immédiate imaginent que c’est une intervention de chirurgie esthétique et sont très pointilleuses et difficiles à satisfaire.
Dans tous les cas il faut bien expliquer à ces patientes avant de les opérer que le sein reconstruit, même de la meilleure façon possible ne sera jamais comme un sein non opéré. Il ya aura toujours, pour le moins, une disparition de la sensibilité, même si l’aspect extérieur et la consistance du sein reconstruit sont identiques au sein controlatéral.
Les patientes demandeuses d’une reconstruction le sont en général dès le début, au moment de la décision de mastectomie totale. La reconstruction que ce soit par prothèse ou par lambeau n’empêche pas de débuter la chimiothérapie, lorsqu’elle s’avère nécessaire, dans des délais normaux en post opératoire.
Par contre la radiothérapie, va interférer en altérant les tissus, donc la qualité du résultat de la reconstruction immédiate, en particulier par prothèse, en étant à l’origine d ‘une coque périprothétique marquée. Après une reconstruction mammaire par lambeau autologue, en particulier par MNDLF, la radiothérapie n’empêche pas un bon résultat global. Elle rend cependant la reconstruction plus fibreuse et un 2è lipofilling sera souvent réalisé à distance.
6 semaines | Avant la RT | 3 mois après la RT |
Même si la reconstruction immédiate par prothèse suivie de radiothérapie n’est pas conseillée, il existe cependant des situations particulières, avec des exceptions possibles en fonction de chaque patiente. Si la patiente est fine, avec des seins de volume conséquents sans possibilité de reconstruction secondaire par Tram ou Minidorsal lipofillé, on pourra reconstruire immédiatement par une prothèse d’expansion, sachant que le résultat, en dépit de la radiothérapie sera peut être meilleur que celui d’une reconstruction secondaire sur une peau irradiée.
Il existe par ailleurs des situations ou après la réalisation d’un traitement conservateur, les analyses indiquent la réalisation d’une mastectomie complémentaire. Si une chimiothérapie et une radiothérapie étaient également indiquées, la mastectomie complémentaire plutôt que d’être réalisée avant la chimiothérapie adjuvante, pourrait être effectuée à la fin du traitement, après la radiothérapie, avec possibilité de reconstruction immédiate par un lambeau autologue.
Une reconstruction immédiate par prothèse serait risquée du fait des problèmes de cicatrisation sur terrain irradié.
De la même manière il existe un risque de complication très important (de l’ordre de 30% d’échec de la reconstruction dans ma pratique) lors de reconstructions immédiates par prothèse faites sur un sein irradié, même à distance de l’irradiation. La décision de mastectomie complémentaire peut être liée à la survenue d’une récidive locale ou à la découverte ultérieure d’une atteinte génétique, avec demande d’une mastectomie prophylactique complémentaire. Dans ces situations, si la reconstruction immédiate est retenue, il est plus sur d’utiliser des lambeaux sans prothèse, en particulier par MNDLF.
Exemple de RMI par MNDLF sur sein irradié.
6 mois | Après 2ème lipofilling et aréole |